Mademoiselle de Joncquières

Et dans la série « Infos de la toute première fraicheur », j’avais manqué ce film lors de sa sortie (septembre) dans les quelques salles de la région qui ont daigné le passer, et vendredi soir, mon petit cinéma préféré Le Foyer de Douvres, le reproposait !

(Moui, je le mets toujours en photo, parce qu’il va disparaitre pour un tout neuf, et je suis dégoutée !)

Grâce à un maxi Doliprane et quelques huiles essentielles, me voila d’attaque ! Sans grande surprise, pas de candidat pour m’accompagner !!!

L’histoire : Nous sommes dans un joli parc d’un joli château, au XVIIIème siècle. Nous entendons la conversation de 2 personnages avant de les apercevoir, il s’agit de Madame de La Pommeraye (Cécile de France), une jeune veuve qui a la tête sur les épaules et sait ce qu’elle ne veut pas, et Monsieur le Marquis des Arcis (Edouard Baer). On comprend assez vite que le Marquis est un coureur de jupons, un collectionneur qui se lasse très vite de ses nouvelles conquêtes.

Et là, il tente de persuader son amie qu’il est fou amoureux d’elle et qu’évidemment, « ses sentiments sont très différents cette fois »… Elle résiste en le provoquant verbalement néanmoins, cela donne quelques charmantes joutes verbales. Les mois passent, le marquis est assidu dans sa cour, il séjourne au château de la Dame pendant tout ce temps, et semble y croire ! Et ça papote en bonnes copines, et ça se promène, et ça tente de la philosophie en regardant la nature etc etc.

Madame de La Pommeraye est plusieurs fois mise en garde par sa bonne amie (Laure Calamy), mais on sent tranquillement qu’elle craque … Si si, elle craque ….

Et ce qui devait arriver (oui, sinon le film aurait duré 3 plombes !), arriva : elle craque (je vous l’avais dit) ! Le marquis et elle sont donc amoureux fous, inséparables, on recourt dans les champs en gloussant, on papote, on bouquine, on plante des arbres d’amoureux, etc etc. Et ce, au vu la taille de l’arbre, pendant plusieurs années.

Vous sentez le « Mais » arriver hein ! Eh bien, mais … ! La normalité les rattrape : Madame de La Pommeraye sent que son compagnon est moins épris, toujours fidèle, mais moins passionné : il part souvent, semble absent quand il est là, ne la calcule plus, etc. Donc elle tente une ruse (attention les enfants, à ne jamais refaire à la maison) : lui faire croire qu’elle ne l’aime plus pour sonder ses sentiments à lui : dangereeeeeux cette technique ooooouh laaaaaa dangereeeeeeux !!! Du coup, le marquis perd 50kg d’un coup, se sent beaucoup plus léger et s’engouffre dans le piège ! « Ouf quel courage Madame de me dire ça, je ne suis qu’un lâche blablabla, je ressens la même chose que vous ! Restons bons amis (tu parles !) »… Ok restons bons amis dit Madame …

Il se trouve que quelques temps avant, sa copine lui avait raconté l’histoire qui enflammait le tout Paris : celle de Madame de Joncquières (Natalia Dontcheva) qui avait été bernée par un faux duc qui s’est aussi avéré être un faux mari, mais qui l’avait abandonnée avec un vrai bébé : Mademoiselle de Joncquières (Alice Isaaz). Pour s’en sortir la pauvre femme fut obligée de marchander son corps, et en grandissant, sa fille fit de même, mais avec plus de succès puisqu’elle était, dit-on, sublime……. 16 ans … Sublime ….

Le plan de Madame de La Pommeraye se dessina assez rapidement dans son esprit : faire morfler le marquis et sur son propre terrain (qui vit par l’épée périra par l’épée disait l’autre !) ! Elle alla donc chercher les 2 femmes dans leur maison close, les installa dans une sorte de couvent, et les habilla en dévotes. Ordre leur fut donné de se balader dans le parc du roi à une heure précise, heure à laquelle elle-même se baladerait avec le marquis pour arranger une rencontre imprévue !

Elle connait bien le bestiau ! Elle savait qu’en laissant la jeune femme en tête à tête, même silencieux, même 3sec50, avec le Marquis, il deviendrait direct fou amoureux ! Elle n’aurait plus qu’à le faire mijoter après …

Mon avis : Comme pour Le grand bain, j’avais entendu des avis sur ce film, et plutôt unanimement positifs cette fois. J’y allais donc en confiance. J’ai tenté de ne pas entendre la mamie qui était derrière moi et qui, en attendant le début de la séance, racontait le film à ses 2 copines qui ne l’avaient, elles, pas vu …. Dur dur !!! Je me disais même : « dans 30 ans c’est Comparse et moi !! ». Bref…

Je dois avouer que les 30 premières minutes m’ont fait peur… C’était très peu naturel (si si, il y a des films d’époque XVIIIème qui font naturels !!!), assez mal joué, surjoué en fait… Et ça me faisait vraiment bizarre de voir Cécile de France en aristo Ancien Régime, je trouve que ça ne lui allait pas du tout … Et l’intrigue n’était pas des plus palpitantes… Glups… Moitié avait bien fait de ne pas venir !!!

Mais le film est sauvé par l’intrigue et sa chute, parce qu’à partir du moment où le marquis se sépare de Madame de La Pommeraye, là ça va mieux ! Edouard Baer redevient lui-même, et c’est même de mieux en mieux ! Pour terminer ou presque par un murmure général de la salle : « la saloooooooooope » … ou quelque chose comme ça ! Avec une variante pour les mamies derrière : « la gaaaaarce » mais …

En bref, l’histoire est horrible, elle donne à la fois une mauvais image des hommes mais fait un bien méchant portrait des femmes ! Mais elle est super bien ficelée, le scénariste est doué me direz-vous ? certes, puisque c’est Diderot, oui c’est une adaptation d’un morceau de Jacques Le Fataliste et son maître, livre que je n’ai pas lu, mais du coup, ça me donne presque envie (traumatisée je suis par Diderot au bac Français !).

Sinon, côté acteurs, j’ai un problème avec Natalia Dontcheva : chaque fois que je la vois et pire, que je l’entends, j’ai l’impression de regarder un épisode de Doc Martin ! (oui je regardais Doc Martin, et alors !?!!) donc là, ça a un ptit côté anachronique !!!Je n’aime toujours pas Laure Calamy, je trouve qu’elle joue atrocement mal, à la limite du supportable, déjà dans Dix pour cent ça me le fait, mais là, c’est encore pire ! Et au contraire, qu’est-ce qu’Alice Isaaz est belle et mise en valeur ! Bon, elle ne dit pas grand chose, mais rien que de la regarder, c’est beau ! Elle va très bien avec le raffinement du XVIIIème, de la toilette, des décors, on a presque l’impression de sentir le parfum des beaux bouquets de fleurs que Madame de La Pommeraye passe son temps à faire, ça c’est assez chouette ! Au point que j’avais envie de rentrer à la maison en carrosse !!!

Pour résumer :

  • XVIIIème, batifolages, gloussements, séduction, puis malheur caché et vengeance !
  • Le Duo Edouard Baer – Cécile de France fonctionne bien en amitié (ou fausse amitié) mais assez mal en amour je trouve (on comprend pas bien pourquoi elle craque, même s’ils s’entendent bien ça n’est pas suffisant, d’autant qu’elle se met quand même la rate au court-bouillon après !!). Mais j’adore toujours autant le voir jouer lui !
  • Quelques scènes assez drôles, dignes d’une pièce de Molière, un peu de légèreté, qui se mêle aussi à la noirceur de la vengeance !
  • Si ça ne passe plus par chez vous, guettez-le à la télé et passez la 1ère demi-heure à siroter une tisane, mais si ça passe encore, foncez, vous passerez un bon moment je pense !!!

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